En mai 2021 avez-vous vu les publicités de la nouvelle campagne de la Ville pour encourager les gens à se mettre à vélo? “Le meilleur VUS pour se rendre au travail”, “Le meilleur VUS pour se rendre à la garderie”. VUS pour ‘vélo utilitaire sans stress… ou sécuritaire… ou santé’. Très astucieux, mais c’est un peu mettre la charrue avant les boeufs.
La Ville de Québec n’a presque pas d’infrastructure cycliste, pourquoi inciter les gens à se mettre à vélo avant d’offrir une infrastructure sécuritaire et pratique? Faire les choses dans cette ordre risque fortement de faire échouer la campagne, et alors gaspiller l’argent des contribuables - nous. Il y a zéro organismes à Québec offrant des formations de vélo utilitaire, quand on a demandé à la Ville de les offrir, la ville a répondu “C’est pas notre job”! La possibilité de suivre une telle formation est un des éléments incitant le citoyen à rouler en ville. L’autre chose? La sécurité. Pourquoi est-ce que les gens roulent sur le trottoir? On ne se sent pas en sécurité sur la chaussée. Qu’est-ce qui crée cette sécurité? La principale chose est la séparation des autos et des vélos.
Un grand nombre des pistes cyclables à Québec sont récréatives, se trouvent dans des parcs, elles ne nous amènent pas à des destinations d’études, de travail, à des garderies, etc. bref ne sont pas utilitaires. On dirait que la Ville ne voit que ces cyclistes de “dimanche” - la Ville dit que le cyclisme a augmenté beaucoup ces dernières années - oui, ce cyclisme récréatif où on arrive aux parcs en auto. La Ville de Québec voit le petit gars nanti sur son vélo de 3 000$, tout habillé en lycra, qui sort de la ville en auto pour aller faire son tour de dimanche sur un des “Top 6 des circuits vélos” de la région. Lorsqu’on obtient la “carte vélo officielle” on voit l’accent sur ces “top 6” avec même des gains d’élévation! Pas la même chance pour les pistes cyclables en ville, pas beaucoup de détails, pas de gain d’élévation!
Une chose qui s’est beaucoup améliorée en mai et juin, c’est le stationnement. Des supports à vélo ont poussé partout au centre-ville comme des champignons, mais les banlieues? Ça c’était nécessaire, en espérant qu’on ne les enlèvent pas pour l’hiver. Pourtant les deux grands supports à vélo que la ville avait installé en grande pompe il y a un couple d’années sur la rue St-Jean et à côté de Cartier sont disparus au profit des nouveaux vélos électriques! C’est comme déshabiller Paul pour habiller Pierre.
Le réseau cyclable
Un couple de rues qui sont aménagées comme il faut, ne font pas un réseau cycliste. Tout comme un réseau de transports en commun, on doit connecter une ville du nord au sud, et de l’ouest à l’est. Mais de bandes et pistes cyclables pas connectées, toutes à niveaux de sécurité différents, ne sont pas utiles pour le vélo utilitaire. On ne peut pas juste peinturer des lignes à côté du trottoir et les appeler de pistes cyclables, il faut suivre des recommandations d’ingénieurs du transport, et des normes de sécurité, et consulter des cyclistes.
Voici quelques observations:
Rue Beaucage, Vanier - belles bandes cyclables unidirectionnelles mais…des autos y stationnent impunément
Père Lelièvre - très étroite, des grilles de puisard avec ouvertures parallèles à la voie - ce qui est extrêmement dangereux! Aussi une bande cyclable non-séparée sur un boulevard à 4 voies à haute vitesse - extrêmement dangereux
8e avenue - bande à double sens sur une rue à double sens - aussi très dangereux, très étroite, et encore plus étroite dans le sens inverse! Si un/e cycliste a le droit de rouler à 1 mètre du trottoir pourquoi on utiliserait une bande cyclable avec une largeur entière de moins d’un mètre?? C’est un défi de logique.
Pente douce - Iulia, une cycliste dans la quarantaine qui fait 18 km par jour, la trouve “une vraie catastrophe. On est certain de se casser la figure et briser son bicycle.”
Iulia ajoute que “les grands boulevards sont hostiles à la pratique du vélo”, il n’y a aucune amélioration qui relie “les quartiers plus éloignés avec le centre-ville”, et aussi qu’il n’y a pas de “formations à des prix abordables pour la réparation de vélo accessibles à vélo.”
Ces conditions ne font que démontrer que l’aménagement cycliste à Québec et cette nouvelle campagne sont organisés par des gens qui ne font pas de vélo utilitaire/du tout, ne considèrent pas le vélo comme un vrai moyen de transport ne lui accordant que le minimum d’espace sur la route sans trop déranger le “vrai trafic”, et, le plus bouleversant, n’accordent pas beaucoup d’importance à la sécurité de tout cycliste. La mobilité restera un privilège dans cette ville, seulement pour ceux en auto, ou qui peuvent se permettre un passe de bus, tandis qu’en respectant le vélo comme transport viable on donnerait plus de choix aux citoyens à faible revenu par exemple, lesquels aussitôt propriétaires d’un vélo auraient la mobilité à portée de main.
Suggestions
Le problème est l’aménagement urbain et le lamentable manque d’interêt de la part de la Ville pour les besoins et surtout la sécurité des cyclistes utilitaires. Aussi, remarquez que je ne dis rien de nouveau, à mon étonnement, les défaillances que j’ai remarquées, je les ai trouvés toutes (et plus) dans des rapports de Vélo Québec livrés à la Ville en 2015 et en 2019. Rapports: https://www.ville.quebec.qc.ca/apropos/planification-orientations/transport/velo/index.aspx
Cet article est apparu au journal Le Soleil en août 2021
https://www.lesoleil.com/2021/08/25/quebec-a-velo-59771f67126c856f4901d66dc62b4fb6?nor=true
ECO-audit.ca
La Ville de Québec n’a presque pas d’infrastructure cycliste, pourquoi inciter les gens à se mettre à vélo avant d’offrir une infrastructure sécuritaire et pratique? Faire les choses dans cette ordre risque fortement de faire échouer la campagne, et alors gaspiller l’argent des contribuables - nous. Il y a zéro organismes à Québec offrant des formations de vélo utilitaire, quand on a demandé à la Ville de les offrir, la ville a répondu “C’est pas notre job”! La possibilité de suivre une telle formation est un des éléments incitant le citoyen à rouler en ville. L’autre chose? La sécurité. Pourquoi est-ce que les gens roulent sur le trottoir? On ne se sent pas en sécurité sur la chaussée. Qu’est-ce qui crée cette sécurité? La principale chose est la séparation des autos et des vélos.
Un grand nombre des pistes cyclables à Québec sont récréatives, se trouvent dans des parcs, elles ne nous amènent pas à des destinations d’études, de travail, à des garderies, etc. bref ne sont pas utilitaires. On dirait que la Ville ne voit que ces cyclistes de “dimanche” - la Ville dit que le cyclisme a augmenté beaucoup ces dernières années - oui, ce cyclisme récréatif où on arrive aux parcs en auto. La Ville de Québec voit le petit gars nanti sur son vélo de 3 000$, tout habillé en lycra, qui sort de la ville en auto pour aller faire son tour de dimanche sur un des “Top 6 des circuits vélos” de la région. Lorsqu’on obtient la “carte vélo officielle” on voit l’accent sur ces “top 6” avec même des gains d’élévation! Pas la même chance pour les pistes cyclables en ville, pas beaucoup de détails, pas de gain d’élévation!
Une chose qui s’est beaucoup améliorée en mai et juin, c’est le stationnement. Des supports à vélo ont poussé partout au centre-ville comme des champignons, mais les banlieues? Ça c’était nécessaire, en espérant qu’on ne les enlèvent pas pour l’hiver. Pourtant les deux grands supports à vélo que la ville avait installé en grande pompe il y a un couple d’années sur la rue St-Jean et à côté de Cartier sont disparus au profit des nouveaux vélos électriques! C’est comme déshabiller Paul pour habiller Pierre.
Le réseau cyclable
Un couple de rues qui sont aménagées comme il faut, ne font pas un réseau cycliste. Tout comme un réseau de transports en commun, on doit connecter une ville du nord au sud, et de l’ouest à l’est. Mais de bandes et pistes cyclables pas connectées, toutes à niveaux de sécurité différents, ne sont pas utiles pour le vélo utilitaire. On ne peut pas juste peinturer des lignes à côté du trottoir et les appeler de pistes cyclables, il faut suivre des recommandations d’ingénieurs du transport, et des normes de sécurité, et consulter des cyclistes.
Voici quelques observations:
Rue Beaucage, Vanier - belles bandes cyclables unidirectionnelles mais…des autos y stationnent impunément
Père Lelièvre - très étroite, des grilles de puisard avec ouvertures parallèles à la voie - ce qui est extrêmement dangereux! Aussi une bande cyclable non-séparée sur un boulevard à 4 voies à haute vitesse - extrêmement dangereux
8e avenue - bande à double sens sur une rue à double sens - aussi très dangereux, très étroite, et encore plus étroite dans le sens inverse! Si un/e cycliste a le droit de rouler à 1 mètre du trottoir pourquoi on utiliserait une bande cyclable avec une largeur entière de moins d’un mètre?? C’est un défi de logique.
Pente douce - Iulia, une cycliste dans la quarantaine qui fait 18 km par jour, la trouve “une vraie catastrophe. On est certain de se casser la figure et briser son bicycle.”
Iulia ajoute que “les grands boulevards sont hostiles à la pratique du vélo”, il n’y a aucune amélioration qui relie “les quartiers plus éloignés avec le centre-ville”, et aussi qu’il n’y a pas de “formations à des prix abordables pour la réparation de vélo accessibles à vélo.”
Ces conditions ne font que démontrer que l’aménagement cycliste à Québec et cette nouvelle campagne sont organisés par des gens qui ne font pas de vélo utilitaire/du tout, ne considèrent pas le vélo comme un vrai moyen de transport ne lui accordant que le minimum d’espace sur la route sans trop déranger le “vrai trafic”, et, le plus bouleversant, n’accordent pas beaucoup d’importance à la sécurité de tout cycliste. La mobilité restera un privilège dans cette ville, seulement pour ceux en auto, ou qui peuvent se permettre un passe de bus, tandis qu’en respectant le vélo comme transport viable on donnerait plus de choix aux citoyens à faible revenu par exemple, lesquels aussitôt propriétaires d’un vélo auraient la mobilité à portée de main.
Suggestions
- RTC Vélobus - pourquoi délimiter arbitrairement l’usage du vélo à juste l’été et à juste les Métrobus? Surtout qu’avec les changements climatiques les saisons ici changent et se réchauffent. C’est paternaliste.
- Surmonter la falaise - au fur et à mesure qu’il faudra réparer ou remplacer les nombreux escaliers, on peut réduire la pente en changeant les volées en zigzag ou en spirale. Aussi inclure partout des dalots pour vélos comme à l’escalier de la Chapelle, le seul à l’avoir. Vélo Québec a aussi suggéré du stationnement au pied et à la tête des escaliers.
- Un Comité cycliste à la Ville - avec des représentants de Vélo Québec, et représentatif des cyclistes utilitaires de la ville, cela veut dire femmes, étudiant-e-s, aîné-e-s. Aînés comme J.-Y., dans la soixantaine, qui circule à vélo 12 mois par année.
- Métro au lieu de Tramway - un métro peut transporter des vélos
- Les vélos en libre-service - pourquoi juste des vélos électriques??
Le problème est l’aménagement urbain et le lamentable manque d’interêt de la part de la Ville pour les besoins et surtout la sécurité des cyclistes utilitaires. Aussi, remarquez que je ne dis rien de nouveau, à mon étonnement, les défaillances que j’ai remarquées, je les ai trouvés toutes (et plus) dans des rapports de Vélo Québec livrés à la Ville en 2015 et en 2019. Rapports: https://www.ville.quebec.qc.ca/apropos/planification-orientations/transport/velo/index.aspx
Cet article est apparu au journal Le Soleil en août 2021
https://www.lesoleil.com/2021/08/25/quebec-a-velo-59771f67126c856f4901d66dc62b4fb6?nor=true
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